
Le mercure monte, agissons !
UNE TRIBUNE SIGNÉE AUX CÔTÉS DE
La plus grande forêt du monde est attaquée de toutes parts. Feux de forêts, élevage intensif, monocultures, puits de pétroles, barrages hydroélectriques, méga-mines... En détruisant cet écosystème unique, l’Humanité scie la branche sur laquelle repose son avenir.
En Guyane, c'est l’orpaillage artisanal au mercure qui malmène le petit morceau d’Amazonie française logé entre le Suriname et le Brésil. Les rapports scientifiques estiment que cette pratique illégale serait responsable de la destruction de près de 12.000 hectares de forêt et de 1.800 km de linéaire de cours d’eau.
Sur place, l’utilisation du mercure pour extraire l’or a entraîné une contamination massive des écosystèmes terrestres et aquatiques. On estime à ce jour que plusieurs centaines de tonnes de ce produit pourraient avoir été déversées dans la nature, en particulier sur la zone traversée par le fleuve Maroni, hautement touchée par les activités d’orpaillage illégal. Humainement, ces déversement se paient au prix fort : les dépistages réalisés chez les amérindiens Wayana habitant le long du fleuve montrent des taux de contamination mercurielle bien supérieurs à la limite sanitaire recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Alors qu’il devrait s’agir d’un sanctuaire pour la plus riche réserve française de biodiversité, 143 chantiers illégaux ont été recensés en janvier 2020 au sein du parc Amazonien de Guyane et on estime que 10.000 orpailleurs clandestins seraient présents sur le territoire.
Face à l’échec de la France à mettre un terme à ce scandale écologique, sécuritaire et sanitaire, les associations partenaires Wild Legal, Maiouri Nature Guyane, l’Organisation des Nations Autochtones de Guyane (ONAG) et le collectif Or de Question lancent un appel.
Cette situation a trop duré. Les Wayana qui habitent en amont du fleuve sur le territoire appelé Haut Maroni, sont en première ligne. Il est nécessaire de proposer de nouvelles mesures pour protéger ce peuple, ses droits et ses coutumes ainsi que les écosystèmes dont il est le premier gardien.
Inspirés par les nombreuses avancées des droits de la Nature dans le monde, nous menons campagne pour la formation d’une coalition d’acteurs engagés pour :
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La reconnaissance de la personnalité juridique du Haut Maroni, ainsi que ses droits à la protection, à la conservation et à la restauration de ses écosystèmes.
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L’instauration d’un modèle de gouvernance locale respectueux des droits des peuples de Guyane, gardiens de l'Amazonie.
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La réalisation d’un plan d'action visant à éliminer définitivement les activités minières illégales en coopération avec les habitants du Haut Maroni.
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La mise en œuvre de projets d'alternatives économiques locales afin garantir la sécurité alimentaire à ce peuple.
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L’organisation d'une campagne de dépistage du mercure.