Découvrez l'épisode 3 : Garonne de notre série
"Ma rivière, c'est moi" !
C’est à 3 404 mètres d’altitude, dans les Pyrénées espagnoles, que naît la Garonne. Le fleuve se jette 600 km plus loin dans l’Océan Atlantique par l’estuaire de la Gironde.
Torrent de montagne impétueux à l’eau cristalline, il rejoint les plaines pour se transformer en large fleuve.
La Garonne est connue pour la variété et la rareté des espèces animales et végétales qu'elle abrite. Elle est la source d’un héritage naturel remarquable, avec de nombreuses zones humides et pas moins de 15 000 hectares classés Natura 2000.
*Natura 2000
Ce réseau, à l'initiative de l’Union Européenne et coordonné par l’Office Français de la Biodiversité, est constitué d’un ensemble de sites naturels, terrestres et marins. L’objectif est de préserver ces espaces naturels, tout en encourageant la prise de conscience collective.
Nos plus récentes actus sur cette rivière
Une pratique qui a d'importantes conséquences sur l’enfoncement du lit de la Garonne.
Les centrales Blayais et de Golfech sont gourmandes en eau et des dérogations sont parfois nécessaires pour rejeter les eaux de refroidissement dépassant les seuils de température normalement autorisés en été.
Dans des cultures toujours plus grandes et intensives qui nécessitent de capter de plus en plus d’eau.
Une infrastructure qui a bouleversé les écosystèmes et empêché notamment les poissons de remonter jusqu'à leurs lieux de reproduction (la mise en place de dispositifs de franchissement n'est que très récente).
- micropolluants (10% des poissons qui peuplent la Garonne ont ingéré des micropolluants)
- microplastiques
- pesticides
- pollutions industrielles
- pollution domestiques (présence d’ibuprofène, de paracétamol par exemple)
La qualité de ses eaux, ainsi que son débit, chutent chaque jour. L’estuaire de la Gironde reçoit moins d’eau douce qu’auparavant, créant des dérèglements et l’augmentation des températures de l’eau fragilise les milieux aquatiques et menace la biodiversité. Enfin, le manque d’oxygène à certains endroits (comme à Bordeaux (moins de 5 mg par litre d’oxygène) et la disparition des habitats de reproduction rendent difficiles les conditions de vie des poissons.
Dès l’Antiquité Romaine, la Garonne fut un site d’implantation prisé pour ses ressources (galets, briques…) et sa fonction vivrière. Mais à partir du XIXe siècle, agriculture et industrie se développent intensément le long de ce cours d’eau.
L’humain a essayé de contraindre la Garonne par l’installation de digues (pour se protéger des grandes crues du fleuve) et le comportement naturel du fleuve a été dompté. L’augmentation des besoins en eau et les pressions exercées d’une manière générale sur les milieux naturels font peser des menaces sur la Garonne.
La Garonne traverse 2 régions (Nouvelle-Aquitaine et Occitanie), 4 départements et 29 intercommunalités : sa protection dépend donc d’un grand nombre d’acteurs. Par ailleurs, il existe une incohérence dans le morcellement des compétences administratives sur ces territoires : la gestion administrative ne correspond pas à la gestion de bassin, ce qui entraîne un décalage entre les périmètres d’action.
Étant donné l’implication de plusieurs intercommunalités, cela peut poser des difficultés, voire des blocages en cas de désaccords politiques.
À l’inverse, des établissements peuvent se retrouver à gérer plusieurs territoires, comme la Communauté d’agglomérations Royan Atlantique (CARA), à cheval sur deux grands bassins hydrographiques.
Cette multiplication d’acteurs entraîne un déficit de gouvernance. Il n’y a pas de structure exclusivement dédiée à la protection de la Garonne dans son intégralité.
Aujourd’hui, Maxime Ghesquière, conseiller municipal bordelais (EELV), délégué pour la gestion du cycle de l’eau souhaite qu’une plus grande protection soit accordée à la Garonne. Il s’est entouré de divers partenaires dont Wild & Legal pour définir une stratégie politique et juridique pour la reconnaissance des droits de la Garonne. Il appelle à une prise de conscience des institutions publiques et de la population quant à la nécessité de protéger la Garonne et de la pertinence des droits de la nature pour y parvenir.
Des discussions sont en cours pour créer une marque qui permettrait la protection d’une partie du fleuve. Dans ce processus, l’inscription des droits de la Garonne est envisageable dans la charte des valeurs de cette marque, dans l’esprit de la Déclaration universelle des droits des fleuves et rivières.
Les concepts qui découlent des Droits de la nature pourraient permettre de :
01
Rappeler le contexte de crise bioclimatique et l’urgence à agir pour l’atténuer et s’y adapter.
02
Reconnaître l'impératif d’adopter une approche écocentrée du droit de l’environnement pour faire face à cette crise.
03
Définir les différents droits que les parties reconnaissent aux écosystèmes qu’elles souhaitent défendre.
04
Affirmer que le respect de ces droits guidera toutes les parties prenantes dans leurs activités opérationnelles et leurs processus de planification.
