Les rencontres de la Seine au Havre : repenser notre lien au fleuve

Depuis 2020, les Gardiennes et Gardiens de la Seine – citoyennes et citoyens engagé·es – se mobilisent pour protéger le fleuve Seine en explorant des réponses issues du droit, des sciences, de l’art ou encore de l’histoire. Leur ambition : défendre ce fleuve en réinventant une relation équitable, dégagée de toutes logiques purement financières, afin de proposer des solutions face à la crise écologique globale qui l’affecte inévitablement. C’est dans cette dynamique que se sont tenues Les Rencontres de la Seine au Havre les 25 et 26 avril derniers. Au programme : une conférence, une visite de la Réserve naturelle nationale de l’estuaire de Seine, et un atelier participatif pour clôturer ce fabuleux week-end. 

De riches échanges et interventions 

L’événement s’est ouvert au Hangar Zéro avec une table ronde et un débat intitulés “Donner des droits à la Seine”, réunissant de nombreuses personnalités engagées. Parmi les intervenant·es : Morgan Segui, écrivain, auteur de Cinq jours au Timor, Marie-Jeanne Fournier, première habitante des sources de la Seine, Romain Coulaud, maître de conférences à l’Université du Havre, Cédric Fisson, chargé de mission environnement au GIP Seine Aval, Faustine Simon, chargée de mission à la Maison de l’Estuaire et Émilie Lemay, co-fondatrice du Hangar Zéro.

Tous ont partagé leur regard sensible sur l’état du fleuve et les enjeux de sa protection. Des membres de Wild Legal ont également présenté les droits de la Nature et les actions du collectif des Gardien·nes de la Seine, pour mieux comprendre pourquoi reconnaître une personnalité juridique à la Seine renforcerait sa protection et favoriserait une cohabitation harmonieuse entre acteurs humains, biodiversité et territoires. Nous remercions chaleureusement l’ensemble des intervenant·es, ainsi que François Guillotte, photographe et fondateur du projet La Seine Vagabonde, qui a brillamment animé les échanges.

Immersion dans la Réserve naturelle nationale de l’estuaire de Seine

Le samedi matin, une visite guidée de la Réserve naturelle nationale de l’estuaire de la Seine a permis aux membres du collectif et aux participant·es de découvrir ce site remarquable, accompagnés par Faustine Simon et Martin Blanpain, Directeur de la Maison de l’Estuaire, structure gestionnaire de la réserve.

Ce moment privilégié au cœur d’une biodiversité foisonnante a mis en lumière la richesse mais aussi la vulnérabilité de cet écosystème, contraint par une proximité marquée avec les activités industrielles et portuaires de la ville. Une situation qui illustre les tensions persistantes entre protection de la nature et logiques d’exploitation économique, encore difficilement conciliables dans le cadre du droit environnemental actuel.

Construire ensemble 

L’événement s’est conclu par un atelier participatif organisé à la Maison de l’Estuaire. Les participant·es ont pu exprimer leurs inquiétudes, espérances et propositions concernant l’avenir du fleuve et la reconnaissance de ses droits.

Les échanges ont principalement porté sur les menaces pesant sur la Seine – notamment les activités industrielles avoisinantes importantes,  l’urgence de renforcer ses mécanismes de protection et la nécessité d’un changement de paradigme dans notre rapport au vivant. Ils ont également révélé la difficulté, mais aussi l’importance de considérer l’estuaire comme une véritable entité juridique compte tenu de la prédominance des intérêts économiques et de la menace anthropique présente.