Journée de la biodiversité : notre appel pour l’Amazonie guyanaise
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Journée de la biodiversité : notre appel pour l’Amazonie guyanaise

Dernière mise à jour : 16 oct. 2020


Préoccupée par la nécessité de sensibiliser et éduquer le public au déclin de la biodiversité dans le monde, l’Assemblée Générale des Nations Unies a proclamé le 22 mai, Journée internationale de la biodiversité, en ce jour anniversaire de l’adoption de la Convention sur la diversité biologique. Wild Legal se joint aux célébrations pour ce 27e anniversaire, animé par la même volonté de défendre la vie sous toutes ses formes.


À l’occasion de cette date commémorative, l’association Wild Legal tient à rappeler l’importance que revêt la préservation de la biodiversité dans les Outre-mer et en particulier en Guyane française. Située sur le continent sud-américain, cette région amazonienne est couverte à plus de 96% de forêts primaires et rayonne par sa diversité biologique unique au monde. Alors que la Guyane représente à elle seule 50% du patrimoine naturel français, sa préservation est aujourd’hui en danger. En cause : l’orpaillage illégal, un véritable fléau qui menace à la fois la protection des écosystèmes et la santé des peuples autochtones qui vivent en forêt, le long des fleuves. Dans ce contexte, nous appelons à la création d’une coalition pour apporter des solutions nouvelles au danger que constitue l’activité minière illégale pour les droits de la Nature et des peuples de Guyane.


Les conséquences dramatiques de l’orpaillage clandestin


Alors qu’il devrait s’agir d’un véritable sanctuaire pour les espèces animales et végétales amazoniennes, le parc Amazonien de Guyane, dans lequel les activités d’orpaillage légales et a fortiori illégales sont proscrites, subit les assauts permanents des chercheurs d’or clandestins. En janvier 2020, un chiffre records de 143 sites illégaux recensés au sein du parc a été atteint et on estime que 10.000 orpailleurs clandestins seraient présents sur le territoire de Guyane.


Comme le démontrent les rapports scientifiques, l’exploitation clandestine d’or est un facteur d’augmentation considérable de la pollution au mercure des cours d’eau en Guyane. Particulièrement touché par ce phénomène depuis les années 90, le fleuve Maroni et ses affluents sont sévèrement impactés par les effets toxiques de ce produit chimique, utilisé pour traiter le minerai, qui contamine les poissons et les amérindiens Wayanas, dont l’alimentation traditionnelle repose sur la pêche. Leurs villages, situés sur le Haut Maroni, sont en première ligne face aux orpailleurs et depuis plus de trente ans, ils tentent d'alerter l’opinion publique sur la dangereuse propagation de ce phénomène. En dépit des moyens déployés par l’Etat pour essayer d’endiguer la situation, ce fléau persiste. L’enjeu est double. Il s’agit d’une part de lutter contre l’orpaillage illégal et d’autre part de protéger les droits de la Nature et du peuple Wayana.


La reconnaissance des droits de la Nature pour faire face à la destruction de la biodiversité


Opacité du marché mondial de l’or, misère économique des pays frontaliers, prédation des ressources naturelles et destruction de la biodiversité liée aux activités humaines... l’orpaillage illégal est un phénomène complexe qui nécessite une réponse systémique.


L'association Wild Legal s’engage avec le mouvement mondial pour la reconnaissance des droits de la Nature, convaincue du besoin d’apporter de nouvelles solutions plus efficaces et pertinentes pour la préservation de l’Amazonie française.


En effet, cette doctrine juridique inspirée des concepts issus de la cosmologie andine est en constante évolution. Elle repose sur le postulat selon lequel il existe un lien d’interdépendance entre les êtres composant la communauté terrestre, humain et non humains. Partant du constat que ce lien entre l'Humain et la Nature a été détérioré par la culture occidentale, son objectif est simple : rétablir cet équilibre au sein de la communauté du Vivant, en rappelant que la Nature possède des droits intangibles au même titre que l’Homme. Cela signifie que son existence doit être protégée, qu’elle a elle aussi, le droit à la vie et à la régénération de ces cycles vitaux, ainsi que le droit de ne pas être détruite ou polluée par les activités humaines.


A ce titre, Wild Legal est membre de l’Alliance globale pour les droits de la Nature (“Global Alliance for the Rights of nature”).



Inspiration : en Colombie, la protection des droits du fleuve Atrato s’organise …


En Colombie, la situation ressemble beaucoup à celle du fleuve Maroni, en Guyane française : le fleuve Atrato qui traverse l’état du Choco, subi de plein fouet la contamination liée à l'exploitation minière illégale. Alors qu'il traverse l'une des régions les plus riches en biodiversité du monde, la santé du fleuve et de ses habitants s'est tellement dégradée que l'état d'urgence humanitaire a dû y être déclaré.


Saisie par les associations locales, la Cour constitutionnelle colombienne a rendu en 2016, une décision historique. Afin de protéger l’Atrato contre l’orpaillage illégal, la Cour a reconnu le fleuve en tant qu'entité juridique disposant de droits environnementaux.


Dans cette perspective, elle a enjoint à l’Etat d’assurer la protection du fleuve et “considère qu’il est pertinent d’appeler les communautés ethniques qui habitent le bassin du fleuve Atrato à protéger, dans l’exercice de leurs coutumes, usages et traditions, l’environnement dont elles sont les premières gardiennes et responsables”.

Afin de représenter les intérêts du fleuve, la justice a instauré un système de “tutelle légale”, partagée entre les communautés locales et l’Etat colombien. Depuis cette décision, une commission de gardiens de l’Atrato a été créée, composée notamment de 14 représentants désignés par les habitants de la région.



Cette commission de gardiens a pour mission d’établir un plan de lutte contre l’orpaillage illégal en collaboration avec le ministère de la défense, d’assurer le suivi de la santé des habitants et la décontamination du fleuve avec les ministères de l’environnement et de la santé et enfin, d’adopter un plan d’autonomie alimentaire en coopération avec le ministère de l’agriculture.


En février dernier avait lieu la septième réunion des gardiens.


Pour suivre l’évolution de ces travaux, retrouvez l’actualité sur la page facebook Somos guardianes del Atrato (“Nous sommes les gardiens de l’Atrato”).



Des propositions pour la protection de l’Amazonie française et de ses peuples


Protéger efficacement la biodiversité passera par l’instauration d’une nouvelle relation à la Nature, à la fois respectueuse du fonctionnement des écosystèmes et des besoins humains.


A la lumière de la jurisprudence colombienne et inspirés par les nombreuses autres avancées des droits de la Nature dans le monde, nous menons campagne en faveur d’une reconnaissance des droits du Maroni et de ses affluents, et appelons à la formation d’une coalition d’acteurs engagés pour la reconnaissance des droits du fleuve et de ses “gardiens” en soutien au peuple amérindien Wayana, pour aboutir à :

  • la reconnaissance du Haut Maroni en tant que entité naturelle bénéficiant du droit à la protection, à la conservation et à la restauration de ses écosystèmes.

  • l’instauration d’un modèle de gouvernance locale respectueux des droits des peuples de Guyane, gardiens de l'Amazonie.

  • la réalisation d’un plan d'action visant à éliminer définitivement les activités minières illégales en coopération avec les habitants du Haut Maroni.

  • la mise en oeuvre de projets d'alternatives économiques locales afin garantir la sécurité alimentaire à ces peuples.

  • l’organisation d'une campagne régionale de dépistage du mercure.


Vous souhaitez vous engager pour la protection de la biodiversité et agir pour la reconnaissance des droits de la Nature et des Peuples autochtones en Guyane ? Vous pouvez nous rejoindre en écrivant un mail à l’adresse contact@wildlegal.eu











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