Quand l'énergie verte prend l'eau.
Aléas géopolitiques, guerre en Ukraine, sécheresses à répétition... L’urgence d’assurer l’approvisionnement énergétique de notre territoire oblige l’Etat à répondre à des problématiques de court terme. Dans ce cadre, trouver un équilibre viable entre la sortie des énergies fossiles, le déploiement des énergies “vertes” et le respect des besoins des humains et des non-humains est un sujet aussi sensible que capital.
En Bretagne et en Pays de Loire, la planification du littoral, inscrite dans le Document Stratégique de Façade (DSF) Nord Atlantique-Manche Ouest, pose de nombreuses questions, notamment sur la compatibilité entre le déploiement de parc éoliens offshore et la préservation de la biodiversité marine.
A moins de 20 km des côtes bretonnes, trois projets de parcs éoliens en mer posés (non flottants) découlent des premiers appels d’offres lancés par l’Etat. Le parc de Saint-Nazaire compte 80 éoliennes, mises en service fin 2022. Celui de la baie de Saint-Brieuc est prévu pour la fin 2023 et celui des îles d’Yeu et de Noirmoutier devrait être achevé en 2025.
Ces projets s'inscrivent dans l’objectif d’atteindre 42,5% d'énergies renouvelables à l’horizon 2030. Pour atteindre cet objectif, dans le cadre de la Stratégie de l’Union Européenne pour les énergies renouvelables en mer, près de 50 parcs éoliens offshore devraient être construits en France d’ici 2050.
Pourtant, les conséquences néfastes directes des parcs éoliens sur les oiseaux et les mammifères marins font l’objet d’une inquiétude accrue des scientifiques et associations de protection de la nature : risques acoustiques, pertes d’habitats, collisions… Pour certaines espèces, ces parcs pourraient représenter une menace majeure synonyme d’extinction. Étant donné que les connaissances demeurent trop faibles pour pouvoir définir les impacts précis des parcs éoliens offshore sur le vivant, l’erreur n’est pas permise et le principe de précaution s’impose.
UNE CAMPAGNE MENÉE AUX CÔTÉS DE
Sea Shepherd France, Gardez les Caps ET Défense des Milieux Aquatiques
Il semble que la planification française de l’éolien offshore privilégie pour l'instant les intérêts économiques aux critères environnementaux. L’identification des zones destinées à accueillir les parcs s’est ainsi faite sans prise en compte réelle de la biodiversité qui s’y trouve, conduisant à placer ces infrastructures dans des zones d’une grande richesse écologique et ce, sans application cohérente de la séquence “éviter, réduire compenser” (ERC), une obligation légale pourtant cruciale qui oblige à la fois les particuliers et l’État. Elle a pour objectif de prioritairement éviter toute atteinte à l’environnement, de réduire celles qui n’auraient pu être suffisamment évitées, et de compenser les effets notables qui n’ont pu être ni évités, ni suffisamment réduits.
Face à cette carence, le programme Wild Legal travaille à promouvoir l’intégration de droits de la nature dans la séquence ERC, en vue de mettre en oeuvre une meilleure planification territoriale, cohérente à la fois au regard des objectifs en matière d’énergies renouvelables et du respect de l’intégrité de l’océan et du littoral. En raison de la richesse et des fonctions particulières des façades maritimes françaises, la France a une lourde responsabilité dans la préservation de la biodiversité marine.
Aux côtés de Sea Shepherd, Gardez les Caps et Défense des milieux aquatiques, Wild Legal lance donc un appel pour :
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Reconnaître les droits fondamentaux des océans et de la biodiversité marine qui les composent ;
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Intégrer ses droits dans l’application de la séquence “éviter, réduire, compenser” avec pour objectif de garantir un équilibre entre les besoins essentiels humains et les droits intrinsèques de la nature à exister ;
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Imposer un moratoire sur la réalisation de nouveaux parcs en cas de violation des droits de l’océan ;
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Intégrer les droits de la nature dans les documents stratégiques de façade.